SCIENTIFIQUES : LE PARADOXE
Comment se fait-il que nos entreprises constataient
une surabondance au début des années 2 000
et considèrent une pénurie aujourd’hui ?
* Par Claude Mariotte
l y a une part d’irrationnel : la France se prête exagérément aux modes et aux rumeurs, ce qui n’est pas le cas des entreprises étrangères en France qui choisissent notre pays pour le haut niveau de qualification de ses ingénieurs. Les atermoiements au sujet des classements des universités dans le monde en sont une illustration et, fort heureusement, la constitution de pôles d’excellence est la réponse valide, certainement pas la remise en cause de notre système de formation alliant université et grandes écoles.
Car la vraie question, masquée derrière le paradoxe de la méconnaissance de nos propres forces, réside dans le fait que nous avons adopté pour l’Europe la référence LMD (licence-maîtrise-doctorat) pour faciliter les échanges et les équivalences dans le cycle de la formation universitaire. D’un bien (l’utile fluidité de nos qualifications en Europe) consciemment adopté, nous avons hérité en contrepartie d’une phase de mue qui nous laisse temporairement sans carapace. La filière du doctorat (scientifique) est associée en France à la recherche, alors qu’elle est dans les autres grands européens associée à la haute qualification y compris pour les ingénieurs (docteur-ingénieur). L’adéquation de l’offre d’emploi et de la qualification d’ingénieur en France n’est donc pas réellement en crise par elle-même.
685 000 ingénieurs et scientifiques
en activité en France.
(Données CNISF 2011)
C’est un chiffre élevé
au sein de l’Union Européenne.
Cette adéquation doit être soutenue parce que la crise économique a focalisé (à l’excès !) les exécutifs des entreprises sur les fonctions favorisant le retour immédiat sur investissement : commercial, contrôle de gestion, financière. Tout comme l’investissement productif (industriel), la France doit veiller à entretenir sa compétence technique et son savoir-faire; l’innovation et l’avantage concurrentiel à long terme réside dans la qualification et les compétences d’ingénierie, a fortiori avec le développement du numérique et du Cloud computing (l’informatique dématérialisée et mutualisée). La compétence professionnelle est une combinaison de connaissances, savoir-faire, expériences et comportements sʼexerçant dans un contexte précis. Elle se constate lors de sa mise en œuvre en situation professionnelle à partir de laquelle elle peut être validée. Cʼest à lʼentreprise de la repérer, lʼévaluer, la valider et la faire évoluer. Pour l’ingénieur comme pour nos entreprises, ce savoir-faire cumulatif et entretenu tout au long d’un parcours professionnel doit rester le propre de la compétitivité et de la capacité innovatrice. C’est un enjeu stratégique pour le dirigeant et son entreprise. Les pratiques et expertises développées depuis de nombreuses années par l’équipe des associés d’OMR Conseil sont à votre disposition pour vous aider à agir.
*Claude Mariotte X Telecom, Ingénieur général des Mines,
Associé d’OMR Conseil. cmariotte@mariotte.eu
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